EMPRUNTS & EMPREINT
De lundi 18 au vendredi 22 novembre, les étudiants de la classe préparatoire de l’école des beaux-arts et les élèves de terminale-pro commerce du lycée viticole ont participé à un workshop autour du motif sous la direction artistique de l’artiste plasticienne Cécilia Philippe et encadré par Marc Hernandez, professeur d’éducation culturelle au lycée viticole.
Ce projet traite du processus de création autour de la représentation, de la construction du motif et de sa reproduction à travers l’expérimentation et les différentes phases de création. Les élèves ont travaillé par groupe mélangeant étudiants de la classe prépa et élèves du lycée viticole.
Ces derniers ont expérimenté la technique de la gravure sur lino et la technique de la sérigraphie. Ces pratiques permettent de faire des impressions multiples et d’imprimer sur différents supports de présentation. Les étudiants ont installé leurs travaux au sein du lycée viticole.
L’exposition, est le témoignage d’une expérience suspendue, de la création susceptible d’être retravaillée et reformulée.
“Le motif est présent dès l’Antiquité (mosaïques, méandres, jardins…) mais également à la période médiévale (enluminures des manuscrits, travail des chapiteaux…). À la fin du 19ème siècle, l’aspect décoratif a finalement été dévalorisé jusqu’à devenir synonyme de mauvais-goût ou d’archaïsme.
Bien plus tard en peinture, des artistes, tel que Henri Matisse, ont abondamment utilisé les motifs, non plus seulement comme des détails du tableau, mais comme de véritables éléments de composition de leur peinture. Cet intérêt que lui portent artistes et designers le fond ainsi renaître. Il ne sera plus seulement ornement dans un espace domestique mais bel et bien support d’un discours et valeur d’une image.
Le motif ornemental puise sa source dans la Nature et dans l’Art. Il s’inspire du règne végétal et animal, de la géométrie, de l’écriture, de l’architecture et de l’industrie. Le répertoire ornemental des motifs est un miroir du monde. Il est aussi un marqueur de l’histoire et d’une civilisation, tant certains motifs ornementaux peuvent assigner un objet ou une architecture à une date, une période, un milieu, une culture. La technique est parfois elle aussi productrice d’ornementation. Elle engendre, de manière délibérée ou au contraire par accident, un motif.
Mes préoccupations soulèvent deux problématiques à priori indépendantes. La première engage le motif dans une syntaxe plastique, aux formes décoratives, amenant l’idée de l’artisanat, laissant transparaître la répétitivité du travail, valorisant le traditionnel, le geste, le savoir-faire, la technique et le matériau, avec la volonté d’un retour au geste primitif.
La seconde implique le motif en tant que matrice, sujet, formes identifiées et répétées. Les éléments ainsi soumis à la répétition, se détruisant les uns les autres, interrogent alors le principe de représentation.
C’est dans cet entre-deux que j’ai souhaité aborder ce workshop. À partir de l’observation du paysage urbain de la ville de Beaune, les étudiants, tels des archéologues, se sont questionnés sur les traces, les gestes, les empreintes de l’homme constructeur, créateur, occupant. En intégrant la répétition, ils ont représenté les formes émergeantes issues de la construction du paysage qui les entoure. Ce travail s’est établi dans un dialogue entre les notions de représentation et de reproduction introduites par une pratique du multiple (sérigraphie, tampographie, gravure) et de son support (papier et bâche plastique). L’ambition du projet était de développer un vocabulaire ornemental et la création de motifs traditionnels s’inspirant du territoire de Beaune”.
Cécilia Philippe
Cette résidence a été soutenue par le Ministère de l’Agriculture, la DRAAF Bourgogne-Franche-Comté, la DRAC Bourgogne-Franche-Comté et la Communauté d’agglomération Beaune Côte et Sud.
https://lycee.lavitibeaune.com/lycee/index.php/fr/
http://www.cecilia-philippe.com/site/